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Laurie lit
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27 décembre 2013

Contours du jour qui vient, Léonora Miano

contours du jour qui vient leonora mianoPartons à la découverte d'une auteure grâce à Stéphie avec Léonora Miano, qu'effectivement je ne connaissais pas. Me voilà donc à errer dans les rayons de la médiathèque de ma ville et de jeter mon dévolu sur ce livre....un Goncourt des lycéens en plus, je ne devrais pas être déçue...et ce ne fut pas le cas, je l'ai dévoré en 2 jours.

Pour situer le contexte, Léonora Miano est une auteure camerounaise et ces livres sont majoritairement consacrés à l'Afrique. Il est vrai que nous apprenons énormément de choses sur les coutumes et rites africains et ceci m'a permis personnellement de mieux comprendre l'Afrique.

Dans ce roman, on suit dans un état imaginaire de l'Afrique, le Mboasu, le sort de la jeune Musango, 9 ans au début du livre puis 12 ans à la fin. La jeune Musango, victime d'une maladie du sang que sa mère elle-même lui a transmise, est perçue par la communauté comme une sorcière, un esprit maléfique. Elle est régulièrement battue par sa mère jusqu'au sang "pour la purifier" mais forcément rien n'y fait et elle finit par se faire chasser de la maison. A travers son périple, on découvre le sort des jeunes enfants des rues, proies faciles de tous les profiteurs. Musango va errer de maison en maison plus ou moins accueillante, va se sauver, va voir de près la traite des femmes. Ce passage dans la vie de Musango m'a particulièrement frappé puisqu'il traite des croyances des jeunes femmes africaines de trouver un mari blanc et fortuné en Europe. Mais avant de partir, elles doivent faire un séjour dans une maison au fin fond de la brousse pour les "purifier" et c'est là qu'elles sont manipulées par les passeurs, qui leur font peur et les soumettent à des rites pour qu'elles leur soient définitivement redevable simplement par les croyances. Evidemment elles ne feront qu'atterrir dans des réseaux de prostitution en Europe...elles disaient vouloir "faire l'Europe"...

Mais ce roman ne se limite pas à nous faire découvrir les horreurs que croise Musango sur sa route; l'auteure met en évidence la contradiction des sentiments de la petite fille pour sa maman. On le ressent énormément dans ce livre mais le lien mère-fille construit (ou détruit) terriblement. La petite Musango ne cesse d'être attachée à sa mère malgré les sévices subis. Elle essaie de la comprendre, de lui pardonner, veut l'aimer, est partagée entre "une haine compréhensible et un amour corrosif". Elle a un désir de vivre plus fort que tout et veut retrouver sa mère et lui témoigner son amour...va t'elle y arriver?

Bref ce roman est véritablement envoûtant, il prend aux tripes comme on dit (pardonnez-moi l'expression). Il n'est certes pas gai mais nous montre les contours d'une Afrique en péril, où les croyances et rites ancestraux prennent le dessus sur la raison. L'auteure, à travers la voix de Musango, dénonce l'absence de réalisme et pragmatisme de ce peuple, enfermé dans les croyances....on peut d'ailleurs peut-être simplement reprocher à L. Miano d'avoir évoqué son avis à travers les paroles d'une petite fille de 10 ans, ce qui personnellement m'a un peu gêné car j'ai trouvé que cela manquait de réalisme. La jeune Musango, de par son enfance, ne peut, selon moi, avoir ce recul...néanmoins ce livre frappe, marque les esprits et le style de l'auteure y est pour beaucoup. J'imagine à quel point il peut marquer les jeunes lycéens et il mérite largement son Goncourt.

Quelques phrases, de-ci de-là...

"La dernière fois que nous nous sommes vues, tu m'avais attachée sur mon lit. Tu m'avais rossée de toutes tes forces avant de convoquer nos voisins, afin qu'ils voient ce que tu comptais faire de cet esprit malin qui vivait sous ton toit et se disait être ta fille (...) Ce n'était pas pour me porter secours qu'ils étaient là." Page 1 !

"La mère faisait une crise de nerfs à l'idée d'affronter une journée de plus sans savoir ce qu'on mangerait à la maison. Soudain, elle trouvait qu'un de ses enfants avait décidément un regard étrange (...) Quelquefois, ces parents allaient chercher l'approbation des esprits, qui la leur accordaient toujours"

"Nous avons la tendresse rude, au Mboasu. Plutôt que de passer sous silence les failles de ceux que nous aimons, nous les leur rappelons constamment, afin qu'ils les surmontent"

"Notre peuple n'a pas soudain enfanté une génération de petits êtres malfaisants, et bien des démons n'existent qu'au fond de nous. C'est ce que nous croyons qui finit par prendre corps, et par nous dévorer"

"Je crois à l'authentique plaisir de vivre l'alternance de la mélancolie et de la joie, et je crois que la misère est une circonstance, pas une sentence"

"Mais il faut que tu saches, même si tu ne le comprends pas, que je n'abdiquerai pas mon unique certitude : le droit et le devoir de vivre"

 

 

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Commentaires
S
Je suis ravie de voir que cette découverte est une réussite pour toi ;)
N
C'est un univers et une écriture que je découvre et je suis sous le charme !
J
Une auteure qui me fait décidément très envie !
L
Une magnifique écriture. J'ai tout lu d'elle, son avant dernier m'avait déçue ... il me reste à découvrir son dernier, mais j'ai peur qu'elle cède aux sirènes de la facilité.
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