Premier roman découvert dans le cadre des 68 premières fois toujours. Premier roman sur une thématique lourde : la pauvreté en Haïti.
Port-au-prince. Bidonville. Une famille. Les voix de la mère et du père se mêlent dans ce récit pour décrire un quotidien incertain, la débrouille pour tenter de donner quelque chose à manger aux enfants.Très vite l'usage du corps pour récupérer de l'argent fait son apparition. La mère, repasseuse dans de riches maisons, n'hésite pas à "aller plus loin" pour quelques sous de plus. Son mari ne le sait pas mais il faut bien faire vivre 5 enfants.Très vite aussi il est question de Babette, l'aînée, adolescente, belle...un mariage avec un riche héritier pourrait peut-être les sauver de cette situation. Trouver un riche qui s'intéresse à Babette est chose aisée. Mr Erickson, ainsi se nomme-t-il. Il entretien Babette et sa famille...en contrepartie d'un usage abusif du corps de la jeune fille. Le rêve se transforme en cauchemar. La famille se disloque, la violence, la lutte des classes, la jalousie, la corruption...tout éclabousse cette famille.
J'ai lu avec plaisir ce premier roman. Le thème m'a assez vite absorbé. L'écriture n'est pourtant pas facile à appréhender, l'auteur s'amusant à changer de narrateur entre la mère et le père, laissant quelques flous au lecteur. Il y a un rythme qu'Evains Wêche impose au lecteur, il est brassé lui aussi dans cette ville. J'ai vraiment pu me représenter les rues, le bus, le quartier pauvre, j'étais avec cette famille, dans ses tourments aussi. Parfois l'écriture se fait plus crue aussi accentuant la violence des situations. L'auteur nous ouvre les yeux sur le quotidien de ces multiples familles ainsi abandonnées à leur sort, notamment après les ravages du tremblement de terre et cet argent tant promis par le gouvernement qu'ils ne verront jamais. C'est un livre qui marque et dont il me reste des traces. L'écriture mêlant les deux voix m'a parfois un peu perdue mais à la fois c'est aussi une grande force de ce roman. Il faut se laisser surprendre...