Le cycliste de Tchernobyl, Javier Sebastian
J'ai reçu ce livre de la part de Jérôme pour les 4 ans de son blog. J'avais lu quelques chroniques sur ce roman et il m'était apparu qu'il sortait effectivement du lot et que cela valait la peine de lire. J'ai donc été ravie de le recevoir et je m'y suis attelée.
Ce roman est "librement" inspiré de la vie de Vassili Nesterenko, physicien spécialiste du nucléaire qui a tenté, malgré la répression et les menaces, de dire la vérité sur la catastrophe de Tchernobyl et ses terribles conséquences humanitaires. Ainsi le roman se décline sur plusieurs espace-temps. Certains chapitres sont consacrés à la vie à Pripiat, ville fantôme proche de Tchernobyl qui accueille encore des réfugiés. C'est une ville où 'le silence fait mal aux oreilles" et où la maladie, la mort, le froid sont tenaces mais aussi malgré tout la joie de vivre des habitants qui chaque jour, luttent. "Ils savent tous qu'ils doivent partir. Sinon ils vont mourir. Et pourtant ils sont là". En parallèle, d'autres chapitres sont consacrés à la vie professionnelle de Vassili Nesterenko avant et juste après la catastrophe de Tchernobyl. Ce physicien a fait le tour des villes et villages pour tenter de mesurer l'impact de Tchernobyl sur la santé des enfants et les aider à guérir. Il multiplie les communiqués sur l'état catastrophique des populations proches de Tchernobyl et en devient l'ennemi du KGB. Il se réfugie alors là où personne ne viendra le chercher, Pripiat...mais un retournement de situation le fait se retrouver à Paris et se retrouve alors pris en charge par le narrateur de l'histoire.
Ce roman ne se lit pas à la légère. C'est un roman engagé et qui fait froid dans le dos. Il met en exergue la profonde désinformation voulue par les gouvernements autour de Tchernobyl et on ne peut qu'admirer ceux qui ont eu le courage de multiplier les communiqués, de mobiliser la presse pour faire savoir la vérité...cette vérité si dérangeante quand on lit les chiffres du nombre de cancers et de morts qui ont eu lieu et auront lieu dans les prochaines années. Javier Sabastian s'est énormément documenté et son oeuvre s'appuie sur de nombreux rapports cités en bas de page. Il manie avec facilité la démonstration chiffrée à l'histoire romanesque... et on ressort de cette lecture assez bouleversée et en colère aussi.
L'avis de Jérôme, forcément! (et merci encore)