Sauf quand on les aime, Frédérique Martin
Ils sont 3, en coloc : Claire, Juliette et Kader. Ils sont jeunes, un peu paumés, tentent de réunir les deux bouts mais sont heureux d'être ensemble. Claire apaise les âmes de la coloc en jouant de la musique et même le vieux Mr Bréhel en profite. Juliette, la jolie Juliette, tente de refaire surface après le décès de ses parents. Juliette, elle bouleverse les coeurs et ça la bouleverse elle-même. Kader, c'est l'homme, le dur qui protège, qui morfle dans un travail très physique, qui aime Juliette. Dans cet équilibre précaire mais très fort, va arriver Tisha. Tisha la dévergondée, la grande gueule, celle qui assume tout, bouscule les codes, bouscule ce foyer mais dans le bon sens. Voilà le postulat de départ de ce livre : des âmes en peine mais qui se tiennent, se soutiennent, font face au réel et se vouent une amitié indestructible. Un drame va bouleverser encore plus tout cela mais je ne peux vous en parler.
Autout le dire tout de suite, touchée j'ai été. Frédérique Martin nous embarque avec douceur dans des milieux sombres, voire violents. Parfois même les paroles sont crues, les actes sont ignobles mais sous la plume de Frédérique Martin, juste après la violence, la douceur des relations humaines est mis en exergue et fait barrage à cette atrocité. Voilà ce que j'ai aimé, des personnages simples, paumés, qui se posent beaucoup de questions sur eux, qui font attention aux autres. Il y a beaucoup de tendresse dans ce livre, tendresse assumée ou non d'ailleurs. Parfois la violence nous éclate au visage, l'injustice aussi mais c'est bien l'apprentissage de la vie tout cela. Frédérique Martin aborde aussi le thème de la vieillesse (qu'elle avait si bien traitée dans "le vase où meurt cette verveine"), de l'homosexualité aussi (disons thème d'actualité). Et la fin, quelle fin! Elle m'a laissée le coeur serré, émue dans la douceur d'un petit matin : les mots sont posés, là sur cette dernière page, des mots doux, des mots bonbons qu'on a envie d'épingler, de partager et qui lèvent le mystère sur ce titre magnifique "Sauf quand on les aime"....