Un paquebot dans les arbres, Valentine Goby
Bacilles, sana, radios, médecins.
Famille, frère, sœur, père, mère.
Café, l’harmonica, les amis.
Pauvreté, assistance sociale, séparation, médiocrité, difficultés.
Voilà les mots clés de ce nouveau roman de Valentine Goby.
Mathilde revient sur le lieu du sana, en ruine, là où son père a été interné. Le père, son père…la figure de son enfance, le joueur d’harmonica, celui qui faisait danser sa sœur, celui qui ne la regardait pas et l’appelait « mon p’tit homme ». Ce père qu’elle a tant aimé, tant soutenu. Cette petite gosse, fragile dedans, forte dehors qui a été le pilier de cette famille quand sa sœur a abandonné la partie.
L’enfance de Mathilde est de celle que l’on peut qualifier de « rude » : famille pauvre, endettée. Un père malade. Une mère qui ne vit que pour l’amour de son mari. Quand les deux partent au sana, outre le rejet du village (famille de pestiféré), Mathilde se voit séparer de son frère plus jeune qu’elle pour être placé dans une famille d’accueil. Autant son frère se retrouve dans une famille aidante, autant Mathilde tombe dans les mains d’une femme profitant des aides de l’assistance. Mathilde a faim, a froid, n’a rien à se mettre. De son père, elle a hérité ce caractère de battante : elle claque la porte de l’assistance et se met en tête de se débrouiller seule, de trouver un emploi, d’aller voir ses parents au sana tous les week-ends et de récupérer son frère. Bon an, mal an, avec une directrice bienveillante et malgré quelques accroches dans le parcours, elle va réussir à tenir cette famille à bout de bras.
Ce roman est celui de l’amour de la fratrie avant tout. Une fratrie déchirée par la pauvreté, la maladie, la séparation. C’est aussi un roman sur la volonté de se battre contre parfois le destin…Un très beau cri d’amour emmené par la jolie plume de Valentine Goby. Mon bémol réside dans le fait que le personnage de Mathilde n’évolue pas assez dans le livre. Au final quelques semaines après avoir lu ce livre, je ne me souviens plus de ce que devient la femme ni la fin du livre. C'est davantage un portrait de famille, des images qui me restent. Un beau moment de lecture même si j’ai été davantage emportée par le précédent livre de Valentine Goby « Kinderzimmer » où l'émotion est à son apogée et pour lequel j'ai eun un véritable coup de coeur.