J'ai déjà lu quelques romans d'Anne Percin dont Le premier été, qui m'avait vraiment chamboulée et Les singuliers de la rentrée de septembre 2014 qui n'a pas eu à mon sens l'écho mérité. Bref pour moi Anne Percin c'est gagné d'avance! Je la retrouve ici dans un roman "ado" sur un sujet difficile, le cancer et encore une fois sa sensibilité et son rapport aux autres font mouche.

La narratrice est une ado, Tania 14 ans. Dès le premier chapitre elle nous dépeint une mère qui tient un blog un poil désuet, une mère un peu vieille France, une mère qui s'invente une vie à travers son blog. Dès ce premier chapitre on cerne une ado un poil ironique, un poil rebelle, bienveillante, aimante, drôle à souhait mais qui veut aussi vivre sa vie. Bref on démarre avec un grand sourire en se disant qu'on va se régaler avec Tania. Et c'est le cas, malgré le sujet.

Car notre ado bien dégourdie va découvrir que sa mère fait face à un cancer du sein. Et cette mère qui peut-être paraissait vieillotte au lecteur, on va s'y attacher. Elle essaie de protéger sa fille mais sans être dans un extrême "je ne lui dis pas". Non bien-sûr on sait que ces histoires ne sont pas réalistes, elle va être un peu forcée de lui dire plus rapidement que prévu, va commencer à faire croire (et se faire croire?) que ça va, c'est rien...Et puis peu à peu cette maladie va libérer la tension mère-fille légitime dans cette période, tension d'autant plus forte que le père est parti. Alors oui on va le suivre ce crabe, du diagnostic aux traitements violents qui font perdre toute énergie; mais on va surtout suivre cette jolie relation mère-fille, ce regain de vie à l'état sauvage, à l'état pur de la mère, l'amour libéré. La scène des cheveux rasés restera ancrée dans ma mémoire mais pas comme une scène morbide, bien au contraire comme une scène de rire.

Et c'est bien là tout le talent d'Anne Percin. Le sujet est délicat : la maladie elle-même n'est pas facile à traiter mais y ajouter la relation mère-fille et dans une période d'adolescence encore moins. Pas de leçon, pas de grands clichés, juste une belle histoire d'amour perturbée par ce crabe, qui inquiète, qui annonce peut-être l'indicible, l'impensable mais pas toujours et surtout pas que. Un roman parfait pour ce public ado, un roman qui procure autant de craintes que de bonheur et de sourires. Un très joli coup de coeur pour ma part.

La blogo en a déjà parlé : Noukette, Jérôme, Echappées , Martine

Ma mère, le crabe et moi, Anne Percin

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