Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Laurie lit
Laurie lit
Publicité
Laurie lit
  • Des livres, des rencontres, des coups de cœur, des BD, des romans jeunesse, des petits auteurs peu connus, de grands auteurs, des connus, des spectacles, des billets-émotions, et des échanges surtout...
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Derniers commentaires
Newsletter
18 abonnés
15 avril 2014

Le premier été, Anne Percin

le premier été anne percinJ'ai découvert Anne Percin avec son album jeunesse co-écrit avec Thomas Gornet, Le jour du slip/Je porte la culotte. Je poursuis la découverte de cette auteure avec un roman qui m'a pris au plus profond de mes tripes dès la première page, je vais vous expliquer pourquoi même si là, au moment où je l'écris, je ne sais pas comment m'y prendre...car impossible de dévoiler son contenu, c'est toute sa force.

Deux soeurs se retrouvent dans la maison de leurs grands-parents décédés. Cette maison était leur maison de vacances quand elles étaient petites. Elles y ont passé leurs étés, ont tenté de se mêler aux jeunes du village. Les premières balades, les premiers amours, les premiers clans (ceux du village contre ceux de la colo), les premières boums, les premières fois...voilà tout ce qu'Angélique et Catherine ont vécu durant leurs étés. Pourtant la benjamine a vécu une situation plus marquante, voire traumatisante qu'elle a gardée en elle, qui a marqué sa vie sentimentale à jamais et qu'elle s'apprête à dévoiler à sa soeur. La narration est donc celle de Catherine qui s'adresse à sa soeur et cela nous met dans la confidence, et de suite dans la tête de Catherine.

Dès les premières pages on sait qu'il y a un drame derrière cela puisqu'il est fait mention d'une croix sur le bord de la route, d'une photo jaunie, bref d'un décès. La grande force du roman réside dans le fait que l'auteur réussit dès les premières pages à faire monter cette tension en nous. Ce "secret" est dévoilé tardivement mais en soi, même s'il est très bien traité (et j'y reviendrai), c'est surtout le fait qu'Anne Percin a réussi à planter le décor, nous faire vivre dans cette maison, nous faire rentrer dans cette relation de soeur à soeur qui fait que la claque est encore plus forte. J'ai aimé la finesse et la sensibilité de l'auteur ainsi que la manière dont elle parle de cette première fois pour les femmes, cette violence ressentie, tout ce qu'on ne nous dit pas.

"La vraie découverte, ce n'est pas le sexe de l'autre, c'est le sien. Comprendre tout à coup dans une sorte de révélation à quoi ça sert, jusqu'où ça va, pourquoi c'est mou, pourquoi c'est creux, pourquoi c'est mouillé. C'est comme découvrir une nouvelle pièce dans la maison où on habite depuis toujours.
 Il faudrait s'arrêter là, la première fois. En même temps, si on s'arrêtait là, il n'y aurait jamais de première fois.

On ne saurait pas que ça fait mal. On en resterait à ce que les livres disent. Ces conneries de phrases dans les feuilletons de Bonne Soirée, "leurs corps ne firent plus qu'un", etc. On ignorerait la douleur à l'intérieur, tout au fond, la brûlure-pas quelque chose d'atroce, non, pas de quoi hurler, on s'en voudrait d'ailleurs, ça casserait tout, et puis il n'y a pas de quoi, à la limite pleurer, d'une petite tristesse sage parce qu'on comprend au même instant que c'est ça, être une femme, c'est s'habituer à certaines douleurs"

J'ai aimé la relation évoquée entre les soeurs, cette adoration de la benjamine pour l'aînée, cet éloignement de la grande soeur qui flirte et comment la petite le vit, cette douleur, cet abondon. Puis les jugements de la grande soeur qui ont énormément d'importance parce que c'est l'aînée : "ça se fait pas" de coucher pour juste un soir quand on a 16 ans et qu'on est ado. Cela m'a rappelé l'intervention d'Emmanuelle Richard sur le conditionnement féminin : quand on est une fille, on n'a pas le droit de coucher par plaisir, il faut attendre le bon, l'Amour...pourquoi? Catherine, la benjamine, fait confiance à ses sens, à ses ressentis, elle aime à l'état brut, se laisse emporter et en est heureuse...et pourtant les a-prioris d'un groupe et sa cruauté envers la différence vont faire basculer en elle ce sentiment vers la haine...chose qu'elle va regretter et qui va la marquer à jamais. 

Bien entendu on ne peut dévoiler ce qui s'est passé cet été-là avec Catherine mais je veux juste préciser que l'auteur a particulièrement bien cerné Sébastien, ses attitudes, ses réactions et que cela m'a touché au plus profond de mon être. Les attitudes du groupe, la cruauté des mots sont également plus que vrais. J'ai fermé ce livre avec les tripes un peu retournées, à jamais marquée par cette lecture, lecture que je conseille vivement, un vrai coup de coeur pour le sujet et le style simple et subtil d'Anne Percin.

Un livre découvert grâce à Stéphie, merci!

Publicité
Publicité
Commentaires
D
Je ne connais pas, mais j'ai adoré la saga Comment (bien) rater ses vacances et la suite! Je vais noter celui-la sur ma lal! Merci!
N
J'ai adoré ce roman !
S
tu me donnes terriblement envie de le lire. Merci. Bises
J
Je ne connaissais pas mais tu en parles très bien.
D
Un très bon souvenir de lecture!
Publicité